L’initiative collective “Faire Front” fait suite à la carte blanche « Gérer l’urgence puis réinventer l’avenir » : http://www.econospheres.be/Gerer-l-urgence-puis-reinventer-l-avenir signée par plus de 500 signataires et publiée par Le Soir le 1/04/2020.

Cette carte blanche se terminait de la façon suivante :
« Nous, signataires de cette carte blanche, ne voulons pas d’un « retour à la normalité », car cette normalité faite d’inégalités violentes, de mondialisation insensée, de marchandisation de la vie et de résignation à la catastrophe écologique est aussi la source du drame que nous vivons. Nous sommes décidé.es à prendre nos responsabilités pour mettre en commun nos forces et nos volontés pour tenter de redéfinir ces bases. »

Afin de respecter cet engagement, avec une trentaine de collectifs et d’organisations, nous avons défini ensemble de grands objectifs, des priorités, un cadre et une méthode de travail évolutifs. Le 8 juillet 2020, lors de la quatrième réunion du comité de liaison, naissait officiellement l’initiative “Faire Front – Pour un avenir social, écologique et démocratique”

Les trois objectifs du Front

Nous poursuivons les 3 objectifs suivants :

1. Gagner la bataille du récit
À court terme, nous voulons réfléchir et échanger entre nous pour empêcher qu’un récit réactionnaire ou néolibéral de la crise s’impose dans les esprits. Nous pouvons enrichir et compléter mutuellement les outils des un·es et des autres, et nous pouvons aussi chercher à produire des éléments communs pour un récit progressiste de cette crise et des alternatives.

2. Une mobilisation démocratique pour un nouveau pacte social, écologique et démocratique
Il s’agit de mettre en place un dispositif démocratique qui mobiliserait et articulerait les contributions du monde associatif, des collectifs militants, des syndicats, des mutuelles etc., afin d’initier, préparer et mettre en œuvre, dès l’automne 2020 et jusqu’en juin 2021, des États généraux pour un pacte social, écologique et démocratique. Le contexte a changé et notre société ne peut plus se permettre de reposer sur un pacte productiviste et propriétariste tel qu’il fut progressivement dessiné il y a un peu moins d’un siècle. Mais, comme notre histoire sociale le démontre, un pacte ne se décrète pas, il se gagne par la lutte.

3. Renforcer et faire converger les luttes
L’objectif est de se mettre d’accord de manière large sur les 4 priorités ci-dessus pour nous renforcer mutuellement et créer un front populaire capable de concevoir et porter des conquêtes sociales et écologiques.

Nous sommes conscient·es que pour réussir à créer un front dynamique, légitime et solide dans le temps, il est essentiel de partir des expériences existantes, de les valoriser et de faire remonter des propositions concrètes issues de l’intelligence collective née de l’expérience de l’épidémie et des précédentes.

Les coopératives de couturières, les syndicats étudiants, les organisations paysannes, les réseaux d’initiatives solidaires (colis alimentaires et d’hygiène dans les quartiers, etc.), les équipes populaires, les centres sociaux, les organisations de livreurs, les collectifs de personnes sans-papiers, les associations qui s’occupent des personnes sans-abri, les comités de soutien aux personnes enfermées, les associations de parents de quartiers populaires, les gilets jaunes, les collectifs de chômeur·euses et d’allocataires sociaux, les regroupements d’habitant·es pour la défense des territoires… doivent, avec les autres formes plus « traditionnelles » d’organisation, prendre la place qu’ils méritent dans le champ du débat politique et dans un front commun.

Fort·es de ce rassemblement large et diversifié, et tout en respectant l’autonomie d’action de chacun·e, nous pourrons nous coordonner sur certaines priorités ou agendas afin de « taper sur le même clou » tous et toutes ensemble à différents moments.

Ce front, à la fois espace politique de discussion et outil au service des luttes en cours, pourra alors devenir un moteur puissant pour encourager la solidarité intersectorielle et décloisonner les luttes.

Les quatre priorités du Front

1. Dégager massivement de nouvelles ressources en remettant en cause les politiques budgétaires et monétaires qui empêchent de recourir à la dépense publique à des fins d’investissements nécessaires à la collectivité.

2. Faire payer les riches, le monde de la finance et les multinationales, via une refonte radicale, solidaire et transparente des politiques fiscales, des monnaies et des dettes, aux différentes échelles appropriées, nationales, européenne et mondiale (globalisation des revenus, action déterminée contre la fraude et l’évasion fiscale, taxation progressive des revenus et des grandes fortunes, imposition minimale et taxation unitaire des multinationales, etc.).

3. Renforcer et élargir la protection sociale, les services publics et non-marchands – y compris l’enseignement, l’économie sociale et solidaire, le logement social, l’action associative et la culture. Tant pour refinancer les secteurs désargentés de la sécurité sociale que pour créer de nouveaux droits (augmentation du salaire minimum, réduction collective du temps de travail, individualisation des droits, protection des artistes, logement social de qualité, etc.). Il s’agit également de faire sortir de la logique de marché et du profit une série de secteurs essentiels, tels que l’énergie, la santé, la culture, le logement, les transports, la Poste, les banques, etc., afin de garantir une réappropriation et un contrôle citoyen sur ces productions de richesses essentielles.

4. Investir en urgence dans la transition écologique par des investissements publics dans les secteurs nécessaires à la pérennisation de la société (infrastructures énergétiques, politiques publiques d’isolation du bâti, investissements dans la relocalisation, développement de l’agroécologie paysanne, des transports publics et légers etc.).

Lien vers le site web :  http://www.fairefront.be